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JACQUES PROUVOST © JAZZQUES ( juin 2015)

Entre festival et «pop up» club de jazz, le Blue Flamingo en est déjà à sa cinquième année !

Oui ! Cinq ans qu’il propose de façon régulière (4 fois l’an, le temps d’un week-end) des doubles concerts, les vendredi et samedi, dans la très belle, spacieuse et chaleureuse salle du Château du Karreveld à Molenbeek. La dernière fois que j’y avais mis les pieds, c’était il y a trop longtemps (lors de la première édition, en fait). Depuis, la formule n’a pas changée mais l’organisation et l’aménagement des lieux se sont bien améliorés : acoustique, lumière et même une petite – mais délicieuse – restauration tendance bio, sont vraiment au top. À force de travail, d’abnégation et, sans aucun doute, d’une foie inébranlable dans le jazz, Vincent Ghilbert et Christelle (MuseBoosting) ont réussi un pari un peu fou. Je vous invite vivement à vous rendre aux prochaines éditions car, vous verrez, vous y serez gâtés.

Ce vendredi soir c’est Raf D Backer Trio (avec Cédric Raymond à la contrebasse et Thomas Grimmonprez à la batterie) qui fait l’ouverture. Si la formule est un peu resserrée, elle n’en est pas moins explosive et groovy. Le premier morceau («Jo The Farmer») – un peu à la Legnini – est vite suivi d’un autre qui évoque, lui, Jimmy Smith ou Les McCann. Il faut dire qu’au piano ou à l’orgue électrique, Raf donne tout ce qu’il a : énergie, ferveur et sensibilité. Et comme tout bon leader qui sait bien s’entourer, il n’hésite pas non plus à laisser de la place à ses acolytes. Cédric Raymond peut ainsi s’évader dans l’un ou l’autre solo aussi virtuose que sensuel. De même, Thomas Grimmonprez peut découper l’espace de claquements sourds ou limpides sans jamais atténuer la tension. Et ça balance et ça ondule lascivement au son d’un gospel lumineux : «Oh The Joy». Le claviériste s’inspire aussi parfois de Bo Diddley et, tout en invitant le public à frapper dans les mains, rappelle l’essence du jazz, de la soul et bien sûr du blues. A ce rythme-là, le pas vers le funk est vite franchi. Mais on revient quand même aux fondamentaux. Et «Full House» précède un hommage à B.B. King avant que «Rising Joy», aux accents très churchy, ne termine un set rondement mené.

Le temps d’une courte mise en place, et le LG Jazz Collective monte sur scène.

Le truc du groupe, à la base, c’est de reprendre des thèmes de musiciens belges et de les arranger à sa sauce. Ainsi, «Jazz At The Olympics», de Nathalie Loriers, est retissé à la mode LG, avec verve (le solo de Laurent Barbier (as) est dense) et fougue (Igor Gehenot (p) est en pleine forme). Et «Carmignano», d’Eric Legnini, ou «A», de Lionel Beuvens, ne manquent vraiment pas d’idées. Si Guillaume Vierset laisse beaucoup de place à ses amis pour s’exprimer (comme sur «Move» où il laisse totalement libre Jean-Paul Estiévenart), il n’hésite pas à montrer de quoi il est capable (sur le même «Move», notamment). On remarque aussi l’excellent soutien de Fabio Zamagni qui remplace Antoine Pierre de brillant manière. «Grace Moment» permet aux souffleurs de se faire un peu plus lyriques (comme Steven Delannoye, par exemple, embarqué par Igor Gehenot). Mais, sous ses aspects simples, ce thème laisse apparaitre de tortueuses harmonies. Felix Zurstrassen (eb) – qui prend de plus en plus de risques – défriche alors quelques chemins secrets pour les offrir au pianiste puis au guitariste. La musique semble nous envelopper, comme pour nous étouffer lentement, sereinement, exquisément. Oui, le LG Collective a des choses à défendre et, au fur et à mesure des concerts, prend de l’assurance et se libère. Mais on aimerait qu’il se lâche encore un peu plus et que cela soit encore un poil moins «cadré». Cela pourrait être encore bien plus puissant … pour notre plus grand bonheur.

Le lendemain, samedi, 3/4 Peace (Ben SluijsChristian Mendoza et Brice Soniano) isole le Château du Karreveld dans une bulle magique. On ne le répétera jamais assez, mais Ben Sluijs est une des très grande voix du sax alto. Toujours en recherche d’absolu et de sensibilité. Année après année, il développe un style unique. Tout en douceur, quiétude, retenue, sensibilité, et créativité. Avec «Glow», la musique est à fleur de peau. Puis, avec «Miles Behind», elle semble sortir lentement de la brume, doucement, sur un tempo qui s’accélère subtilement et se dessine sous les doigts de Christian Mendoza (quel toucher, mes amis, quel toucher !). Le pianiste égraine les notes avec parcimonie, répond en contrepoints à la contrebasse, puis prend des libertés dans un swing ultra délicat et d’une limpidité absolue. Brice Soniano (qui vient de publier un magnifique album en trio – Shades Of Blue – dont les concerts sont prévus en septembre… 2016 !!! Soyez patients…) accroche les mélodies avec une finesse incroyable et un sens unique du timing et du silence. Quant à Ben Sluijs, il survole et plane au dessus de cette musique d’une finesse et d’une transparence (dans le sens de luminosité, de brillance, de clarté et de légèreté) inouïe. Ce trio est unique ! Alors, il y a «Still», magnifique de retenue, puis «Constructive Criticism», morceau plus abstrait, découpé avec une intelligence rare, qui joue les tensions, les éclatements et qui trouve une résolution inattendue. 3/4 Peace parvient aussi à faire briller cette faible lueur d’espoir cachée au fond de la musique sombre et tourmentée qu’est «Éternité de l’enfant Jésus» de Messiaen. Puis il évoque Satie avec «Cycling» et enfin se donne de l’air avec un plus enlevé «Hope».

Grand moment. Très grand moment de musique !

L’ambiance est nettement plus swinguante ensuite, avec le quartette du saxophoniste Stéphane Mercier, soutenu par une rythmique solide (Matthias De Waele (dm) et Hendrik Vanattenhoven (cb) ), mais aussi et surtout par l’excellent Casimir Liberski (p). Ce jeune «chien fou» est toujours prêt à casser les règles, à élargir le spectre musical. Sur «Ma Elle», par exemple, ou sur «Jazz Studio», ses interventions sont furieuses et éblouissantes, presque au bord de la rupture. Il faut un solide Hendrik Vanattenhoven pour canaliser sa fougue. Et c’est magnifique d’assister à ce combat entre le feu et l’eau. Stéphane Mercier peut alors doser, comme il le veut, sa musique. Elle est solaire, énergique et pleine d’optimisme (à son image, en quelque sorte) avec «Team Spirit », puis dansante avec «Juanchito» et fianlement lyrique avec le très beau «Samsara». Avant d’accueillir, en guest, Jean-François Prins (eg) – que l’on ne voit peut-être pas assez en Belgique – pour un ou deux standards, Mercier nous offre encore «La Bohème» dans un esprit qui rappelle un peu Barney Willen, tout en langueur et détachement. Et c’est bon.

Voilà une bien belle façon d’achever cette merveilleuse édition du Blue Flamingo.

GEORGES TONLA BRIQET © BRUSSEL DEZE WEEK ( 21 maart 2011)

Jazz in het Karreveldkasteel

Het Brusselse jazzleven heeft er een origineel nieuw initiatief bij. In het unieke kader van het Karreveldkasteel organiseert een jonge ploeg twee concertavonden per kwartaal met telkens grote namen uit de nationale jazzscene.

Medeorganisator Vincent Ghilbert legt enthousiast uit hoe het allemaal begon.

“Toen Christelle Duvivier en ik afstudeerden aan het conservatorium, kwamen we al vlug tot de vaststelling dat er veel te weinig concertmogelijkheden waren. We richtten samen met een aantal muzikanten een vzw op, MuseBoosting. Twee jaar lang organiseerden we concerten in het JazzStation, maar op de langere termijn was dat financieel niet haalbaar. Daarom gingen we op zoek naar een alternatief, waarbij we ook op wat subsidies konden rekenen. Hier in het Karreveldkasteel vonden we alles wat we zochten: een fantastische locatie, en vooral ook de steun van het gemeentebestuur en van de eerste schepen, Françoise Schepmans, van het Brussels Hoofdstedelijk Gewest en de Nationale Loterij.”

“Van meet af aan wilden we meer dan een jaarlijks festival. Daarom kozen we voor vier weekends van twee dagen, verspreid over het hele jaar. Nu is er één concert per avond, *delete*maar we zouden dat graag opvoeren naar twee. We moeten nog afwachten hoe het verder loopt, maar tijdens ons tweede weekend, in januari, was de opkomst al verdubbeld!”

“Voor ons volgende weekend, met Steve Houben & Jacques Pirotton en het Peter Hertmans Quartet, verwachten we minstens evenveel volk. En in oktober rekenen we op een nog grotere opkomst, want dan nodigen we Nathalie Loriers uit. Zij is ook de ‘meter’ van onze organisatie.”

De mensen van The Blue Flamingo zorgen voor een totaalpakket. “De parkeergelegenheid op het binnenplein is natuurlijk een troef, en de metro is vlakbij. Ook over de rest is grondig nagedacht. Zo bieden we een gamma artisanale bieren aan van de Zenne Brouwerij, die hier vlakbij zit. We serveren ook soep, bereid van verse bioproducten, en een assortiment kleine hapjes, allemaal tegen heel democratische prijzen. Overlast van decibels is er niet, want alle concerten zijn puur akoestisch. Ons eerste doel is mensen aan te trekken die zich anders niet meteen verplaatsen voor een jazzconcert. Hopelijk gaan ze nadien al eens vlugger naar een club.  Want jazz is zoveel meer dan de zomerfestivals.”

JACQUES PROUVOST © JAZZQUES ( 13 novembre 2010)

Blue Flamingo – Chrystel Wautier

La veille du concert de Da Romeo au Théâtre National, j’étais allé voir Chrystel Wautier. C’était à l’occasion du premier Blue Flamingo Festival organisé par Muse Boosting.

Pourquoi «Flamingo»? D’après Serge Solau, c’est parce que le flamant est migrateur, qu’il va là où il fait bon et chaud. Et «Blue»… parce que «la note bleue», parce que «le jazz». C’est sans doute pour ces raisons que ce festival de deux jours (qui se déroulera une fois par saison), a trouvé refuge dans l’une des très belles pièces du Château du Karreveld à Molenbeek. Je n’y ai pas vu de flamants au bord des étangs (mais je les ai bien imaginé), par contre j’ai entendu du jazz.

La salle est grande, les murs sont en briques apparentes, l’impressionnante charpente de bois est haute, l’endroit est chaleureux et l’acoustique naturelle est formidable. Des tables sont disposées autour de la scène, éclairée par un ruban de lumière bleue. Quand j’arrive – en retard – la salle est plongée dans l’obscurité et, dans la bulle de lumière, Chrystel chante, accompagnée de Quentin Liégeois  à la guitare, Boris Schmidt  à la contrebasse et Ben Sluijs  à l’alto. Sensibilité, humour, tendresse, c’est ce qui caractérise sans doute le mieux la chanteuse dans ce projet. Avec ses acolytes, elle a réussi à former un quartette original et complice.

La plupart des chansons sont choisies avec soin. Les standards (comme, par exemple, ce «You’re Driving Me Crasy » nerveux et décontracté à la fois) prennent des couleurs chatoyantes et des formes nouvelles tout en restant assez respectueux des originaux. Entre le guitariste et le contrebassiste, la musique coule paisiblement. Chacun se permet quelques impros délicates. Le sax alto s’amuse à s’envoler dès qu’il le peut, personne ne le retient et le résultat n’en est que plus magique. Le public ne s’y trompe pas et il applaudit avec chaleur. Je suis sûr qu’en écoutant l’album («Peace Of Time» édité par MuseBoosting  également), il aura les mêmes élans.

Sympathique et très bien organisé, le Blue Flamingo a pris un bel envol. Le lendemain, le festival accueillait As Guest  et pour les prochaines éditions, on annonce Pascal Mohy , No Vibrato , Jacques Pirotton , Steve Houben  ou encore Peter Hermans . À noter, d’ores et déjà, dans votre agenda.

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