GAUTHIER FABRI (DH) – 

Le p’tit Belge qui toise les meilleurs champagnes

Comme son nom ne l’indique pas, Ruffus n’est ni un clébard malodorant ni un comique de seconde zone. Du côté des hauts plateaux binchois, l’appellation Ruffus est tout simplement lié à une cuvée d’exception hébergée par le vignoble des Agaises. Aussi célèbre chez les gille du coin que le pastis l’est chez les boulistes marseillais, le vin Ruffus fait pétiller les palais les plus fins du plat pays depuis plus de cinq ans maintenant.

Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. C’est à Haulchin que le rêve d’enfance de Raymond Leroy démarre, sur un coteau riche en calcaire et orienté plein sud, au lieu-justement-dit Les Terres Blanches. Issu d’une famille de négociants en vins (maison Leroy-Prévot fondée en 1834), Raymond tente alors d’acquérir les terres tant désirées au fermier du coin. Rateau. Quelques années plus tard, il croise le fils du récalcitrant au détour d’une soirée d’anciens élèves. Le fiston est partant, le négociant encore et la terre toujours aussi idéale.

Nous sommes en 2002. Epaulé par l’oenologue Thierry Gobillard, associé au fermier, assisté de sa famille et quelques amis, Raymond Leroy fait planter 20.000 pieds de Chardonnay. Deux ans plus tard et grâce un splendide été, il tire sa première cuvée Ruffus. Quelques bouteilles seulement, pour la gloire. Car, l’année suivante offrit un “produit de très belle qualité”, se souvient la viticulteur en herbe.

L’épopée a donnée lieu à l’une des plus belles success stories viticole belge. Aujourd’hui cultivée sur 14 hectares, la cuvée Seigneur Ruffus se distribue à environ 100.000 bouteilles par an, sur le marché intérieur uniquement. Et truste les honneurs dans les concours de Belgique et de Navarre depuis 2006. Régulièrement médaillé au concours rassemblant les chardonnay de la planète, deux fois médaillés d’or au concours mondial de Bruxelles de 2008, on en passe et des meilleurs. Mais il y a mieux : en dégustation à l’aveugle, le Seigneur de Ruffus tient la dragée haute aux meilleurs champagnes… A tel point qu’un certain Vranken lorgne désormais sur les terres de craie de l’entité d’Estinnes. Tout bon pour les fermiers du coin ça…

A l’instar de toute bonne marque de luxe qui se respecte, Ruffus cultive – à son corps défendant – l’exclusivité, sans pour autant taper dans les prix. Vous ne trouverez pas son Seigneur en supermarchés, ni chez Nicolas. Chez Leroy-Prevost, on réserve mon cher Monsieur, on file chez les rares cavistes à proposer le produit ou on dîne en ville, dans les meilleures maisons. Le Seigneur trône sur la carte du Bon-Bon ou du Comme chez Soi à Bruxelles, du Prieuré Saint Géry dans le Hainaut ou, encore, de l’Eau Vive à Namur.

 

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